4 mars 2025
Lorsqu’une entreprise enregistre une marque, elle le fait généralement pour protéger son identité et son activité. Mais que se passe-t-il lorsqu’un dépôt cache une intention plus opportuniste ?
Une récente affaire impliquant le nom « Le Cap Horn », restaurant emblématique de Courchevel, illustre cette problématique. Une société, sans lien avec la restauration, a déposé cette marque avant de proposer sa cession à l’établissement historique pour un prix élevé.
La justice a été saisie et a dû trancher : dépôt légitime ou manœuvre abusive ?
Le dépôt d’une marque est un droit, mais il repose sur une règle fondamentale : le déposant doit avoir une intention réelle d’exploitation.
Un dépôt effectué dans le seul but de priver un acteur économique de son propre nom ou d’en tirer un profit financier peut être contesté et annulé pour mauvaise foi.
Dans cette affaire, plusieurs éléments ont permis à la justice de conclure à un dépôt frauduleux :
Face à ces indices, la justice a retenu la mauvaise foi du déposant et prononcé l’annulation de la marque.
L’absence d’exploitation d’une marque après son dépôt peut parfois soulever des doutes, mais elle ne suffit pas, à elle seule, à caractériser une mauvaise foi.
D’autres facteurs peuvent être pris en compte :
➔ Le déposant est étranger au secteur d’activité couvert par la marque.
➔ Le dépôt est suivi d’une proposition de cession ou de licence à un acteur déjà établi sous ce nom.
➔ Plusieurs marques connues sont enregistrées en série, sans exploitation avérée.
➔ L’absence d’exploitation n’est pas justifiée par une réelle stratégie d’investissement ou de développement commercial.
Ces éléments permettent de distinguer un dépôt stratégique légitime d’un dépôt opportuniste visant à bloquer ou monnayer un nom connu.
La justice a annulé la marque « Le Cap Horn » en considérant qu’elle avait été enregistrée sans intention réelle d’exploitation et dans le but de priver un acteur économique d’un signe nécessaire à son activité.
Cette décision rappelle une règle essentielle : enregistrer une marque ne signifie pas obtenir un monopole absolu. Si la marque est déposée dans une optique purement spéculative ou pour entraver la concurrence, elle peut être contestée et annulée.
Pour éviter toute contestation, il est essentiel de respecter certaines bonnes pratiques :
Les conflits liés au dépôt de mauvaise foi sont fréquents : déposer une marque est une décision stratégique qui doit être réfléchie et sécurisée. Anticiper les risques permet d’éviter de voir sa marque contestée, voire annulée.
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